J'étais en quelque sorte agacé d'entendre, une fois encore, cette mélodie sans comprendre d'où elle provenait.

Ce fut donc d'un pas décidé, presque précipité, que je retournais dans la salle de jeu... et c'est là que je l'ai vu pour la première fois...

Était-ce un rêve où était-ce la réalité ?

Mon regard n'arrivait pas à se poser sur elle et ne faisait que la ... traverser ... !!!

Une hallucination ? Un fantôme ? Un esprit ? Mes pensées fusaient dans tous les sens; je ne contrôlais plus rien...

J'essayais de me rapprocher...

Elle était brune, le teint clair ; Ses cheveux flottaient  au grès du vent.

Elle jouait de la flûte traversière qui semblait être en argent.

Je reprenais doucement mes esprits. Quelque soit la nature de cette entité, le soleil brillait encore et n'était pas près de se coucher : Le risque "film d'horreur" me semblait assez éloigné.

J'étais sur le point de tenter une approche quand son regard se posa sur moi.

Mon corps semblait figé, pétrifié par son regard Méduse-air ...

Je tentais d'évaluer rapidement la situation : moi  tout seul, tout en haut donc peu visible, totalement désarmé si tant est qu'une arme "humaine" puisse avoir un quelconque effet dans cette situation, sans portable puisque laissé dans mon sac sur la dalle de l'abri voiture... bref, je n'étais pas à mon avantage...

Tout à coup, un coup de tonnerre retentit !

Le ciel semblait  s'écraser sur mes épaules; mes jambes ne me supportaient plus; je m'effondrais au sol.

Un éclair venait de frapper la dalle presque à mes pieds !

J'étais accroupi, un genou sur le sol, et tentait de me protéger les yeux avec mes mains.

Cela ne dura qu'une seconde, peu-être deux tout au plus, mais ces secondes m'ont semblées une éternité.

Je me suis relevé, et... incroyable...

une sorte d'arbre bétonné était apparu !

Tout à coup, je réalisais que je n'entendais plus rien. Je tourne la tête.

Plus personne... ma "déesse" avait disparu...

Sentant des larmes arriver, je decidais de fermer les yeux.

J'entends alors une sonnerie stridente...

J'ouvre de nouveau les yeux.

En un battement de paupière, me voilà allongé dans un lit, sous des couvertures... à coté de cette déesse !!!

Je me dis alors "holala ! ça va trop vite !"

Puis j'entends alors une petite voix : "ha non ! c'est déjà l'heure... je me suis levé pour faire pipi y'a même pas 5 minutes ! Je pensais que c'était beaucoup plus tôt !"

Mon regard fait alors le tour de cette pièce : j'étais dans ma chambre ! Et surtout, c'était ma femme qui était allongée à côté de moi !

Je la regarde alors passionnément, en pensant "bon ben va falloir inventer une fin heureuse à ce doux rêve...!"

Elle me regarde, puis fronce les sourcils : "ha non, commence pas ! Là tu vois, j'ai trop les boules !"

Je me suis dit alors : "bon, ba moi aussi je vais les avoir, les boules..."

That is the end !

C'est bloc après bloc qu'une maison prend forme.

Comment ça marche ?

Ben c'est pas sorcier !

Jamy :

" Une maison est avant tout un assemblage de briques types Lego.

Ce sont des "ouvriers", une espèce travailleuse dérivée des abeilles et domestiquée par une autre espèce plus fainéante appelée "proprio", qui les manipulent et les mettent en forme.

Les "proprios" eux sont une espèce beaucoup moins productive et beaucoup plus râleuse.

Ci dessus, un exemple de travaux réalisés par un "proprio" en 2h30 : l'ensemble est assez réussi pour des trous de diamètre 120mm, mais reste une production marginale, nécessitant d'être complétée/finalisée par des "ouvriers".

En l'occurrence ici, il reste à faire passer les gaines pour la géothermie, puis à recouvrir le tout par du béton en y moulant des escaliers.

"

Mais d'ailleurs, c'est quoi du "béton" ?

Jamy :

" Le béton est une sorte de magma composé de ciment (chaux + silice + alumine + hématite), de sable (matériau granulaire constitué de petites particules, quartz/micas/feldspaths mais aussi débris calcaires/coquillage/corail..., dont la dimension est comprise entre 0,063 et 2 mm) et de gravier (granulat de roche), et dont le dosage utilise la fameuse règle du 1-2-3 (un volume de ciment, deux volumes de sable et trois volumes de graviers).

Il se forme en général au coeur de grosses boules appelées "toupies" ou "bétonnières" pour se déverser dans de grands bacs (un godet sur la photo ci-dessous).

Il est ensuite entraîné vers le haut non pas par la poussée d'archimède, mais par les "véhicules" ouvriers, appelés "manitous télescopiques".

Il se déverse ensuite tel un épanchement de lave à l'intérieur des blocs.

Observez ici sur la gauche un "ouvrier" (chose orange) tentant désespérément de canaliser une coulée.

On peut voir ici sur la droite les restes d'une ancienne coulée. On peut aussi observer une cheminée bétonnique sur la gauche semblant pour l'instant inactive, ainsi qu'un talweg qui ne tarderont pas à être envahis par du béton.

"

Mais ça vit où les ouvriers ?

Jamy :

" Les ouvriers vivent parfois sur les chantiers, dans des trous appelés "caves".

Ils construisent souvent des ouvrages en bois pour se déplacer plus facilement,

(Ci-dessus une sorte de "pont" assez sommaire réalisé par des "ouvriers" pour "enjamber" les vides laissés dans leurs ouvrages)

ou tout simplement pour éviter que le ciel leur tombe sur la tête.

Quant-aux "proprios", ils vivent dans des lieux plus confinés

"

Mais comment ils font pour faire tout ça ?

Jamy :

"Leurs outils sont assez rudimentaires :

(De haut en bas : couteau à blocs, frappe personnes, fil à beurre, cuillère à colle et maryse à lisser)

Et grâce à l'invention de l'acier trempé, les silex ont fait place à des outils plus efficaces :

(pinces coupantes et tords tors, aussi appelés coudeuses à fers ronds)

"

Et les proprios ?

Jamy :

" Eux jouent avec de vrais Lego...

Leurs habitudes alimentaires sont à la fois "à la mode" et très... "bourratives"...

Leurs réalisations sont...particulières...

Leurs véhicules sont... plus petits...

(fenêtre plein sud salle de jeu, le ptit truc au milieu est un FZ6 )

... mais plus rapide ...  

Et surtout, ils vivent dans des endroits... insolites...

Ils sont très propres, pour ne pas dire maniaques, au point de se laver par tous les temps…

mais sont assez… tête en l’air…

"

Bon, et au final ça donne quoi ?

Jamy :

(On peut voir une "proprio" prenant la pose dès que les ouvriers sont partis se coucher).

Samedi dernier, nous sommes allés voir où ça en était sur le chantier.

Alors que nous empruntions la future "piste de luge", remontant ainsi le long des blocs par l' "arrière", nous avons cru à une révélation :

Un individu, semblant venir de nulle-part, a surgi de derrière la colline...

Nous avons donc tout lâché, sacs, appareil photo... et nous nous sommes approchés doucement, le regard fixe dirigé vers le ciel....

Nous étions alors comme envoûtés, attirés par une force invisible mais parfaitement perceptible...

N'étant pas du genre à me laisser embrigader par le premier gourou venu, et ne sachant pas trop à quoi j'avais à faire, j'ai tout fait pour lutter contre cette force obscure :

"Allez ! Bouge ! Bouge !"

C'est alors que mes yeux se sont posés sur lui :

Le regard affûté, un pif à débusquer une "gazelle" à des kilomètres, un jean délavé qui jurait avec un cuir tout neuf genre "moi j'suis motard"...

Il n'y avait rien de divin dans ce... type !

Et c'est là que je l'ai reconnu : ce n'était pas la première fois qu'il tentait de s'introduire sur notre terrain !

Je lui ai alors dit "mais t'es qui toi ?"

Il m'a regardé ; Je l'ai regardé.

Il m'a souri ; J'lui ai pas souri.

Il a arrêté de me sourire ; Je lui ai alors souri en lui faisant signe de venir...

Je lui ai dit : "Viens, je vais t'montrer un truc sympa !"

Il m'a suivi.

Et c'est là que je me suis occupé une fois pour toutes de son cas :

Je l'ai d'abord assommé, puis je l'ai délicatement déposé sur la découpeuse de briques...

Les accidents de chantiers, ça arrive... non... ?... !!!

AHHH !!!! Fallait pas venir sur mon chantier sans prévenir !!!!!!

Avis aux amateurs !